VIVRE SEREINEMENT UNE CÉSARIENNE, C’EST POSSIBLE !

30 avril 2020 | 2 commentaires

Mon accouchement “de rêve”

J’ai accouché le 24 mars 2020 d’une merveilleuse petite fille. Alors que rien ne s’était passé comme je l’avais prévu, mon accouchement a été parfait et je n’en retire que du positif.

Une césarienne programmée

Je me suis imaginée pendant 9 mois accoucher par voie basse, réussir cet AVAC (accouchement par voie vaginale après une césarienne) tant espéré que j’ai idéalisé et pour lequel je me suis longuement préparée.

Sophrologie, hypnose, Doula, Accompagnante Périnatale : je voulais absolument réussir cet accouchement sans péridurale, une sorte de revanche sur ma précédente césarienne qui s’était si mal passée. Une boucherie, qui m’avait laissé de lourdes séquelles et qui a été en partie responsable de ma dépression du post-partum, dont je parle ici.

Tous les voyants étaient au vert pour cet AVAC, ma gynécologue confiante pour le jour J.

C’était sans compter sur ma petite Zouzou, coquinette qui a décidé de se placer en position transverse (en travers de mon ventre), 3 semaines avant le terme. Impossible d’accoucher dans cette position. La césarienne a été programmée pour le mardi suivant, à 39SA.

L’annonce a été terrible, je ne m’y attendais pas. Tout était allé si vite, ma gynéco, pourtant une femme si douce et bienveillante ne s’était pas rendue compte que j’étais sous le choc. Je l’écoutais avec les yeux embués, envie de pleurer et de me réveiller de ce triste cauchemar.

Julien n’était pas avec moi, puisque le COVID-19 empêchait déjà les accompagnants d’assister aux rdv de suivi de grossesse.

Comment avais-je pu être si naïve ? Croire que mon corps ne me ferait pas une telle farce ? Penser que j’échapperais à cette épreuve qu’est la césarienne ? Je m’en suis terriblement voulu de ne pas m’être davantage préparée à l’éventualité d’une autre opération et d’avoir focalisé ma préparation à l’accouchement sur la voie basse.

Je conseille vivement à toutes les futures mamans de consacrer plusieurs heures de préparation pour la césarienne. D’urgence ou programmée, il est important de ne pas être dans l’inconnu au moment de l’opération. Le site Césarinne (lien ici) regorge d’infos à ce sujet.

Le rdv était donc pris, le 24 mars, je mettrais au monde ma fille. Le choix de sa date de naissance m’était imposé, je ne connaîtrais donc jamais l’excitation de la perte des eaux, des premières contractions, du départ à la maternité, du travail. Soit, mais je devais me préparer pour ne surtout pas revivre la même césarienne traumatisante.

Comment bien vivre sa césarienne ?

J’ai longuement parlé avec ma Doula, nous avons échangé sur mes émotions afin que je puisse les accepter et les accompagner. Pouvoir lui déverser mes angoisses a été bénéfique. J’ai accepté ma peine et ma colère. J’ai aussi parlé avec ma psychiatre, qui a pris le temps de parler de mes angoisses à l’équipe médicale, afin qu’ils puissent être préparés à une possible crise d’angoisse le jour J.

J’ai aussi relu le site Césarinne. J’ai pu visualiser à nouveau le protocole d’une césarienne, plus facile pour moi qui en avait déjà vécu une et que j’explique étape par étape ici. J’ai fait des séances de sophrologie seule à la maison afin de me détendre et de revivre ce qu’il se passe au bloc.

Puis, j’ai repris mon projet de naissance (dont je parle ici) pour étoffer la partie césarienne. Je ne voulais rien laisser au hasard et faire de ce moment un réel moment de bonheur. J’ai repris chaque point pour être sûre de savoir formuler mes demandes le jour J.

J’ai craqué la veille au soir, une peur indescriptible s’est emparée de moi. Ma maman était là et m’a réconfortée en m’expliquant que chaque accouchement est différent et que cette fois-ci j’étais bien préparée. J’ai eu peur de revivre le même traumatisme, de ressentir les mêmes douleurs post-partum, d’être à nouveau obligée de revivre l’enfer d’un curetage et de la réanimation (j’en parle dans mon article sur ma dépression du postpartum).

Je pense qu’il est très important de bien se documenter pendant sa grossesse sur le déroulé d’une césarienne, même si toutes les conditions sont réunies pour un accouchement voie basse, on ne sait finalement jamais ce qu’il peut se passer.

Ce qui m’a le plus impressionnée pour ma première césarienne et qui ne m’a pas traumatisée pour celle-ci, c’est de savoir que :

  • toutes les sensations sont conservées, juste la douleur n’est pas présente.
  • les mouvements exercés sur le corps lors de la sortie de bébé peuvent être impressionnants, on nous secoue, nous tire, nous appuie dessus.
  • la sensation de ne plus sentir ses jambes et son ventre est très désagréable.
  • la toilette réalisée une fois que la rachis est posée (nettoyage de la vulve avec la Bétadine) est très désagréable, ne pas hésiter à demander à la sage-femme d’y aller doucement.
  • les malaises sont très fréquents à cause de chutes violentes de tension, ne pas hésiter à le dire à l’anesthésiste qui injectera un médicament dans le cathéter.
  • les tremblements sont fréquents à cause du produit anesthésiant.

Mon accouchement de rêve, même confinée

Oui, une césarienne de rêve. Du début à la fin. Malgré ses petits aléas :

J’ai très peu dormi pendant la nuit, le stress mélangé à l’excitation m’ont empêchée de fermer l’œil. 6h, je vais prendre ma douche et j’en profite pour me faire un brushing. Je veux être belle pour ce grand jour.

Nous arrivons donc à la maternité en ce 24 mars à 8h15. Après quelques minutes d’attente, je suis conduite, seule, dans une salle pour passer une dernière échographie et un monitoring.

Julien est toujours en salle d’attente, il attend que la chambre soit prête. Je le retrouverai après la naissance de notre fille. Je lui donne le feu vert pour qu’il ouvre sa boîte de papa que je lui ai préparée (j’en parle ici).

L’attente est longue, 3 césariennes d’urgence ont décalé le planning de la journée. Je devais passer à 9h, mais j’attends mon tour. J’en profite pour prendre quelques photos souvenir. Cet accouchement sera le dernier, autant en profiter au maximum.

Vivre sereinement un accouchement césarienne - La Famille Tortue

Au final, l’attente est si longue que je termine par remonter en chambre pour patienter avec Julien.

12h30 vient enfin mon tour. Un bisou rapide à Julien et je descends au bloc.

L’équipe est là, hyper souriante et de bonne humeur. Tous me mettent à l’aise, me parlent, me posent des questions sur moi et ma vie.

L’anesthésiste rigole avec les infirmières, l’ambiance est très plaisante et je me détends.

Une infirmière me demande si je préfère rester dans ma bulle ou si je préfère qu’elle m’explique tout. Je choisis la deuxième option, ça faisait partie de mon projet de naissance. L’anesthésiste me rassure pendant la pose de la péridurale, me parle beaucoup. L’infirmière anesthésiste me caresse les cheveux, me parle tout bas, me dit que je suis forte et que bientôt bébé sera là, près de moi. Je n’ai pas mal du tout, juste une sensation bizarre dans le bas du dos.

Je m’allonge sur la table, on me fait les soins pour me préparer à l’opération, me pose la sonde urinaire. Je commence à trembler, à cause du stress mais aussi des produits anesthésiants.

L’anesthésiste a de la peine de me voir ainsi et me met de la musique sur son téléphone en me caressant les cheveux. Il m’explique que c’est normal d’avoir peur mais que tout va bien se passer, qu’ils sont là pour moi. Dernier album d’Agnes Obel dans les oreilles, je suis dans un cocon de bienveillance et de douceur. Je parle à ma fille dans ma tête, je lui explique tout ce qui est en train de se passer et que bientôt nous allons nous rencontrer.

Je lui demande s’il est possible de ne pas m’attacher les bras en croix au lit, il accepte en me disant avec un grand sourire “je pense que vous n’irez pas bien loin de toute façon”.

Je commence à avoir la tête qui tourne et j’ai la nausée. Je fais une baisse de tension, qui est vite stabilisée avec les médicaments administrés.

Ma gynécologue arrive, l’opération commence. Je suis si heureuse que ce soit elle qui m’opère, je lui fais entièrement confiance. L’anesthésiste tente à plusieurs reprise d’appeler Julien en Facetime, mais il n’y a pas de réseau au bloc… Il décide alors de filmer ce moment pour pouvoir le montrer ensuite à Julien. J’aurai une vidéo de la naissance de mon bébé. Souvenir exceptionnel que je garderais toute ma vie.

Il demande à ma gynéco de stopper l’opération car il a du mal à trouver l’appareil photo et ne veut pas louper sa sortie. Tout le monde joue le jeu et attend patiemment qu’il soit prêt.

Je demande à ma gynécologue de me faire pousser au moment de la sortie ma fille. Première fois qu’on lui fait cette demande, elle me dit que c’est une excellente idée.

C’est le moment. Elle me demande de pousser. Non, elle ne me le demande pas, elle m’encourage littéralement, comme lors d’accouchement voie basse. Toute l’équipe joue le jeu et m’encourage: “allez-y madame poussez, poussez, encore, encore un effort, ouiiiiii, c’est bien poussezzzzzzz, allezzzzz”. Je pousse autant que je peux, surtout psychologiquement. Je parle une dernière fois à mon bébé dans ma tête : “ma chérie ça y est c’est le moment, on va enfin se rencontrer!”.

L’anesthésiste décide de baisser le champs opératoire pour que je puisse voir ma fille naître. Il me tient ma tête et c’est … magique. Je vois mon bébé venir au monde. Je ne vois pas mon ventre, je ne vois pas le sang. Je vois juste ses pieds, son corps, puis sa tête sortir. Je la vois pousser son premier cri, je la vois naître. Je l’ai mise au monde.

Ma première pensée est “mais elle est moche!”. En effet, je n’ai pas le coup de foudre attendu, mais une émotion étrange. Je sais que c’est ma fille, que je suis sa mère mais je ne l’aime pas de suite, dans l’instant, comme cela a été le cas à la naissance de Loulou.

La sage-femme me demande de lui faire un bisou et m’explique que le pédiatre l’attend.

Elle revient me voir quelques minutes après et m’explique que Zouzou a un peu de mal à respirer, qu’elle a des glaires qui la gênent et doit rester un peu avec le pédiatre.

À aucun moment je ne suis inquiète, je leur fais une totale confiance. Je suis sur un nuage, un peu stone, j’ai la tête dans du coton.

Je suis, ensuite, emmenée dans une salle de repos où une sage-femme vient contrôler que tout se passe bien pour moi. La puéricultrice m’amène ma fille qui va mieux. Elle a un câble au pied relié à une machine pour contrôler sa saturation. Elle me la pose sur moi en peau à peau. Je ne pense qu’à une chose, dormir. Je suis prise soudainement de violents tremblements et de démangeaisons. On m’explique que c’est un effet secondaire de la rachis. Je dois me reposer pour que ces tremblements cessent. Mais c’est impossible avec ma fille dans mes bras, j’ai peur de la faire tomber malgré le coussin d’allaitement. J’aimerais tant que Julien soit là pour prendre le relais, pour faire ce premier peau à peau et me laisser me reposer.

On me propose de faire la tétée de bienvenue que j’accepte puisque je souhaite profondément allaiter. Mais en réalité, je ne souhaite qu’une chose : dormir ! Et pas donner le sein. Zouzou cherche, n’y arrive pas, relâche mon téton très vite. La puéricultrice est d’une grande patience et douceur, elle l’aide à attraper le sein. Au bout de 10 minutes, elle y arrive enfin et la douleur de la succion est si violente que j’ai envie de retirer ma fille mais je serre les dents. Je lutte car je veux le meilleur pour Zouzou. Elle tête 10 minutes puis s’endort. On change de sein une heure après et la douleur est encore plus violente. Je suis si déçue de ne pas avoir été informée de cette douleur, on m’a menti sur l’allaitement en me disant que c’était juste désagréable et inné. Au delà du désagréable, ce sont des dizaines d’aiguilles qui sortent de mon sein. Zouzou s’endort à nouveau.

Une sage-femme m’installe un bandeau de peau à peau afin que je puisse m’endormir sereinement avec ma fille sur moi. J’alterne les phases de sommeil et les phases de tremblement. J’ai l’impression que ce moment dure une éternité.

Après deux longues heures, il est enfin temps de remonter en chambre et de présenter Zouzou à son papa.

Pour écouter notre témoignage

Si vous voulez écouter mon témoignage mais aussi celui de Julien concernant notre expérience de l’accouchement en plein confinement, je vous invite à écouter le Podcast de LeQuatrièmeTrimestre qui a recueilli notre témoignage (lien juste ici).

Dans un prochain article je vous parlerai de mes premiers jours post césarienne

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2 Commentaires

2 Commentaires

  1. Anais

    Ton récit est très beau, je suis touchée et émue car mon scénario s’annonce être à peut près le même. J’ai accouché de mon premier garçon par césarienne d’urgence après une mise en travail spontanée et une stagnation de dilatation cervicale. La césarienne s’est passée avec beaucoup de stress d’anxiété et d’angoisse et j’ai été séparée de mon fils pendant plusieurs heures. Actuellement je suis enceinte de 8 mois d’une petite fille, je souhaitais tout comme toi pouvoir bénéficier d’un AVAC que j’ai longtemps idéalisé et fantasmé et finalement, je devrais avoir une cesarienne programmée, car j’ai un bassin trop étroit et un bébé un peu trop gros… Les normes médicales sont cruelles car au fond de moi j’ai l’intime conviction que mon corps en est capable, qu’il a cette force.. J’ai longtemps pleure à l’annonce de la césarienne programmée, puis je commence à m’y faire, j’essaie même d’y trouver quelques points positifs… J’espère en tout cas qu’elle se passera aussi sereinement que la tienne. Tu dois avoir aujourd’hui une magnifique petite zelie d’environ 1 an, les premiers pas !! C’est merveilleux, profites en bien. Et merci pour ton retour d’expérience.
    Anaïs !

    Réponse
    • la_famille_tortue

      Je te souhaite le meilleur accouchement possible !

      Réponse

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